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Un peu d'histoire, la bataille de Montecasino 3ème partie

Le troisième assaut commença le 15 mars par le lourd pilonnage de Cassino ( Voir la bataille de Montecasino 2ème partie)  , mais l'imprécision des tirs fit plus de victimes côté allié que dans la population civile. Les divisions néo-zélandaise et indienne se lancèrent à l'assaut des ruines de la ville, mais rencontrèrent une défense féroce de la part des Allemands. Après huit jours d'avancée mètre par mètre, les Alliés se retirèrent, épuisés. Sur le front de Cassino, la division indienne compta 3 000 victimes et les Néo-Zélandais 1 600.

L'assaut final (appelé l'opération Diadem) fut mené par le IIe corps américain, le corps expéditionnaire français, les Xe et XIIIe corps britannique et le IIe corps polonais, avec le Ier corps canadien en réserve pour la percée de la ligne. Par ailleurs, le 6e corps américain basé à Anzio se tenait prêt à barrer la route aux Allemands en cas de retraite. Le nombre élevé des combattants faisait partie de la stratégie d'Alexander de monopoliser un maximum de troupes allemandes en prévision du débarquement en Normandie. Le mouvement des troupes et l'attente d'un printemps plus clément que le terrible hiver de 1944 retardèrent l'assaut à mi-mai.La bataille commença dans la nuit du 11 au 12 mai.

La coordination et le courage de tous les corps d'armée alliés les menèrent à la victoire. La division polonaise en particulier se distingua par son courage: en charge de prendre le contrôle de l'abbaye, les Polonais rencontrèrent une telle résistance de la part des Allemands que leurs premiers bataillons furent entièrement décimés. Finalement, le 18 mai au matin, une patrouille de reconnaissance du XIIe régiment de lanciers polonais réussit à hisser le drapeau polonais sur les ruines de l'abbaye. L'opération Diadem fit 18 000 victimes américaines, 14 000 britanniques, 4 000 polonaises et 11 000 allemandes.

Le lendemain de la prise du mont Cassin, les goumiers du Corps expéditionnaire français commirent de nombreux crimes de guerre: pillages, viols et meurtres. En 1996, un rapport du sénat italien fait état de 2 000 femmes violées et de 700 hommes tués. De ces événements viennent les expressions populaires italiennes « marocchinate » (violée par un Marocain) et « marocchinare » (marocaniser). Alberto Moravia en fit la toile de fond de son roman La Ciociara, adapté en film par Vittorio de Sica dans La paysanne aux pieds nus.

La capture de Cassino permit aux Alliés de commencer l'avancée vers Rome qui tomba le 4 juin 1944. La position officielle du gouvernement américain sur le bombardement de l'abbaye de Montecassino changea au cours des vingt-cinq années suivantes. La mention de « la certitude de preuves irréfutables » de l'occupation de l'abbaye par l'armée allemande fut retirée en 1961 par l'Office of the Chief of Military History. Et pour le 20e anniversaire de la destruction du monument, une dernière correction fut faite dans les documents militaires qui conclurent que « l'abbaye n'était en réalité pas occupée par les troupes allemandes ».

Parmi les soldats polonais se trouvait le poète Feliks Konarski qui écrivit, encore sur le champ de bataille, son émouvant Czerwone maki na Monte Cassino (Les coquelicots rouges du mont Cassin) qui devint l'hymne officieux des Polonais. Et immédiatement après la cessation des combats au mont Cassin, le gouvernement polonais en exil à Londres créa la Croix de la Campagne du mont Cassin pour commémorer l'action des Polonais pendant l'assaut. Un imposant cimetière polonais a été aménagé en contre-bas du monastère, alors que les Commonwealth War Graves se trouvent à la périphérie ouest de Cassino. Les victimes françaises et italiennes sont enterrées dans la vallée du Liri, les américaines à Anzio. Le cimetière allemand est dans la vallée du Rapido, au nord de Cassino. En 2006, un mémorial a été inauguré à Rome en l'honneur des forces alliées.