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Opération Iceberg: La bataille d'Okinawa

La bataille d'Okinawa (nom de code Opération Iceberg), qui s'est déroulée dans l'archipel Okinawa au Japon, fut le plus grand assaut amphibie de la campagne Pacifique de la Seconde Guerre mondiale. Elle dura de fin mars jusqu'à juin 1945.

Le haut commandement américain avait choisi Okinawa comme la dernière étape avant l'invasion des îles principales du Japon. Il mit en œuvre des forces considérables car au fur et à mesure de la reconquête, les Américains s'étaient retrouvés à chaque fois devant un ennemi plus agressif et déterminé.

Pour le commandement japonais, l'île d'Okinawa était le prolongement stratégique d'Iwo Jima. Il était persuadé que les alliés passeraient obligatoirement par Okinawa avant de débarquer au Japon. Les préparatifs pour la défense furent donc extrêmement poussés.

L'invasion commença en fait le 26 mars 1945 par le débarquement de la 77e division américaine sur l'îlot de Kerama Retto, à 16 miles à l'ouest d'Okinawa. La conquête fut réalisée en 2 jours. On découvrit sur cet îlot près de 400 canots motorisés chargés d'explosifs que les Japonais, surpris, n'avaient pas eu le temps d'utiliser. Cet élément permit de jauger la résolution des défenseurs d'Okinawa, prêts au sacrifice par tous les moyens. Le 31 mars, un kamikaze s'écrasa sur le navire amiral de Spruance, le croiseur lourd USS Indianapolis.

Le 1er avril, 50 000 soldats américains débarquèrent sur les plages d'Haguchi sans rencontrer autre chose qu'une faible opposition. En fin de journée, il n'y avait eu presque aucune perte. Ce silence inquiétant angoissait sérieusement les combattants. Une attaque kamikaze d'importance eut lieu au crépuscule sur les navires de soutien de la force d'invasion et sur l'escadre britannique. Malgré les dégâts occasionnés, aucun navire ne fut coulé ce jour-là.

À terre, les troupes américaines arrivèrent rapidement sur la côte est de l'île et se séparèrent en deux groupes ; une partie marchant vers le nord-est, l'autre prenant direction du sud. La situation changea complètement le 4 avril lorsque les Américains se trouvèrent au contact des premières lignes japonaises dans la presqu'île de Motobu, au nord, et dans la région de Nakagusuku, au sud. Les combats devinrent rapidement violents.

Dans le cadre du plan de défense d'Okinawa, la marine impériale décida une sortie sous la forme d'une action suicide, appelée opération Ten-Gō. La IIe flotte japonaise devait faire route vers Okinawa pour y détruire le maximum de navires ennemis. Ensuite, le cuirassé lourd Yamato devait s'échouer sur l'île pour former une sorte de forteresse d'artillerie. Le Yamato avait du combustible uniquement pour un aller simple.

La IIe flotte, constituée de 10 bâtiments, appareilla le 6 avril à 16 h 00. Elle fut repérée dès la nuit suivante par un sous-marin américain qui donna l'alerte. Le 7 avril, 386 avions se dirigèrent en cinq vagues d'assaut sur les navires japonais. Le Yamato coula vers 14 h 30. Seuls quatre destroyers (le Fuyutsuki, le Yukikaze, le Hatsushimo et le Suzutsuki) parvinrent à s'échapper.

Ce fut la dernière grande bataille aéronavale de la guerre du Pacifique.

Dans le même temps, le commandement japonais avait lancé une attaque kamikaze sans précédent au départ de l'île de Kyushu, constituée de 355 appareils. Le Kikusui (ou chrysanthème flottant) fut l'emblème de toutes les forces suicide affectées à la défense d'Okinawa.

L'amiral Richmond Turner, chef des forces de soutien, avait disposé ses bâtiments sur deux lignes de manière à prévenir les interventions aériennes japonaises. 250 appareils nippons furent détruits avant de pouvoir commencer leur attaque. Néanmoins, un certain nombre de navires, dont le porte-avions USS Hancock, furent plus ou moins gravement endommagés. Quelques bâtiments légers coulèrent.

Les forces Kikusui attaquèrent jusqu'à deux fois par jour tout au long de la bataille d'Okinawa. Des attaques conventionnelles eurent lieu également mais avec moins de succès. Avant que les B-29 puissent détruire leurs terrains d'envol, la flotte subit en tout 900 attaques de kamikazes : 26 navires furent coulés (dont 20 par « attaques spéciales ») et 262 unités endommagées (217 par kamikaze), dont 17 porte-avions lourds ou légers endommagés. À la fin du mois, les trois amiraux durent être relevés, leurs nerfs étant trop à vif.

Les combats les plus âpres se situèrent le long de la ligne de défense japonaise au sud encore appelée ligne Machinato. Ralentis par les Japonais, les marines se heurtèrent à de lourdes contre-attaques, le plus souvent anéanties par la puissance de feu américaine. Le 28 avril, les marines atteignirent la crête Kazaku, clé du système de défense Machinato.

Ils se heurtèrent alors au complexe défensif de Shuri qui tint jusqu'au 21 mai. Les contre-attaques japonaises ayant redoublé et étant synchronisées avec les attaques kamikazes, les pertes alliées devinrent considérables.

Le 22 mai, l'effort américain fut porté sur Naha. La capitale d'Okinawa alors en ruines fut investie le 25.

Les forces américaines se regroupèrent et déclenchèrent l'assaut sur la presqu'île d'Oroku le 4 juin. L'aérodrome fut rapidement pris mais les marins de l'amiral Ota opposèrent une solide résistance dans les grottes et les replis de terrain. La plupart des survivants se suicidèrent le 12 juin pour ne pas tomber aux mains des Américains.

Pendant ce temps, la 1re division de marines se dirigea vers le sud, atteignant les faubourgs d'Itoman dans la soirée du 7 juin. Le lendemain, ils se heurtèrent à un nouveau complexe défensif japonais extrêmement virulent.

Dès lors, les Américains firent sauter tous les blockhaus et toutes les entrées de grotte, emmurant ainsi les Japonais. Ce ne fut que le 17 juin au soir que l'ensemble du complexe fut neutralisé.

Lors d'une inspection le lendemain, le général Simon Bolivar Buckner, Jr., montant au sommet de la colline Mezado (l'une des hauteurs du Pain de sucre - Sugar Loaf Hill2), fut tué par un éclat d'obus japonais.

La côte sud d'Okinawa fut atteinte le 19 juin, encerclant les dernières positions japonaises, encore très agressives. À la grande surprise des Américains qui craignaient une ruse, un certain nombre de Japonais, isolés ou en groupe, se rendirent le 21. De nombreux soldats ainsi qu'un groupe d'infirmières se suicidèrent.

Ce même jour, les généraux Ushijima et Cho exécutèrent le suicide rituel, le seppuku.

De nombreux habitants de l'île, parfois des familles entières, se donnèrent la mort pour ne pas se rendre à l'armée américaine. Selon des témoins, ces suicides furent ordonnés par l'armée impériale ou furent le résultat de la propagande shōwa.

La XXXIIe armée japonaise fut anéantie. Les Japonais comptaient 110 000 morts et 8 000 prisonniers et les Américains 18 900 morts (chiffres officiels : 18 513) et 49 000 blessés.

Contrairement à l'attente des deux camps, la bataille d'Okinawa fut la dernière bataille majeure de la guerre, les États-Unis préparant l'opération Downfall : l'invasion des îles principales. Elle n'eut jamais lieu car les Japonais se rendirent en septembre après la déclaration de guerre de l'URSS et les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki.