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de bureau

Si vous avez déjà rencontré en partie un joueur d’airsoft étranger qui ne parlait pas votre langue, cette sensation de jouer dans dimension différente vous dira peut-être quelque chose. Aller au-delà du jeu, avec un principe fondamental : la communication. Un exercice qui doit être aussi fluide que spontané mais qui, dans une langue étrangère, vous donne l’impression d’être dans un film ou dans votre jeu vidéo préféré… Il suffit d’écouter comment un Finlandais vous interpelle par radio dans un anglais parfait. C’est une nouvelle frontière à franchir pour atteindre ce petit plus qui manquait à cette immersion expérimentale.

Je m’appelle Helghast et avec un groupe andalou appelé Gazpacho Team (GT) composé de joueurs de plusieurs équipes, on a parcouru presque mille kilomètres jusqu’à la frontière entre la République Tchèque et l’Allemagne pour tester une milsim comme jamais on n’en avait jouée : la Border War X.

Qu’est-ce que la Border War ? 

Border War, c’est presque une Institution. 10 éditions de milsims de niveau international avec la participation d’environ 2000 à 3000 joueurs, situé à Vrchbělá à environ 90 km de Prague, à la frontière allemande. Le terrain est énorme, surplombé de forêts de conifères. Jusqu’en 1991, il s’agissait de terrains de manœuvre et d’entrainement de l’Union Soviétique, et on repère quelques tranchées et cratères. Il y avait aussi des bunkers, mais les accès étaient limités ou interdits.

L'organisation

Notre base se composait d’un ensemble de trois tentes énormes qui formaient la Tente du Commandement, d’une tente qui comprenait un service de restauration, une réserve d’eau et des toilettes portables, et de centaines de toiles de tente de tous ceux qui faisaient partie du camp. Le fait d’avoir à disposition des schémas sur l’organisation des toiles de tentes était significatif car toutes les sections étaient situées au même endroit. L’objectif était de gagner en vitesse de déploiement.

La structure du commandement était énorme. Il y avait un Général d’Organisation et, sous son commandement, 12 compagnies avec chacune 140 joueurs en moyenne. Si vous faites le calcul, on peut facilement s’imaginer la taille du camp. Il y avait des joueurs venus de toute l’Europe et même de l’autre côté de l’Atlantique (Panama). On avait la possibilité de participer avec nos propres véhicules à condition qu’ils soient en phase avec les exigences esthétiques du camp (les plus lourds étaient destinés au camp Task Force, tandis que les véhicules rapides et légers étaient pour les Guérillas).

Premières impressions

Avec le premier déploiement du premier jour, on se faisait déjà une idée de la suite de la partie. C’était un déploiement énorme via un chemin de terre, mais on avait été stoppé net par la présence adverse sur notre ligne de front. En anglais et en criant, nos commandants ont commencé à déployer les différentes sections (d’environ 140 effectifs de moyenne) entre les arbres, tandis que les sergents faisaient avancer leurs pelotons (40 effectifs). Avec un bon déploiement à coup de “Push the left flank”, “Push them” dans toutes les langues possibles, tous les Multicam et certains PMC qui se trouvaient par là se sont fait éliminer.

Les distances de tir étaient énormes et, le terrain étant une forêt de conifères, il était difficile de se cacher ou de se baisser. Il y avait très peu de petits arbustes propices à cela. C’était une énorme bataille napoléonienne d’environ deux cents effectifs de chaque camp qui luttaient sur un front pendant presque deux heures. C’était dingue, c’était différent de ce que l’on a l’habitude de voir, puisque l’important dans tout cela,  c’était la manière dont les sergents trouvaient des espaces pour faire déplacer leurs hommes. C’était un niveau de déploiement stratégique comme je n’en avais jamais vu avant. On se sentait comme faisant partie d’une machinerie colossale.

Missions et structure

Nos missions étaient divisées en deux en fonction du scénario : défense stratégique et soutien. Le terrain était également divisé en deux par une route : à l’est, des cultures de drogue, production et emballage ; à l’ouest des positions et des points stratégiques pour contrer l’avancée de l’adversaire et éviter des embuscades. Il y avait aussi le village LARP avec plusieurs missions variées.

Pendant les journées, il y avait beaucoup d’actions, plus que d’habitude dans un événement, et je dois dire que dans tous les événements auxquels notre unité (Hotel 2) a participé, on a ramené d’excellents résultats pour notre camp. Sans oublier plusieurs attaques à grande échelle vers nos bases. En revanche, si on le compare aux événements de chez nous, il y avait très peu d’actions nocturnes. Il y avait une mission pour que les joueurs volontaires de différentes sections se réunissent et jouent ensemble.

Conclusion

Border War X fut une expérience incroyable car plusieurs facteurs entrent en jeu : le voyage, la disparité face à ce que l’on considère comme “commun” aux milsims, et le “conflit” à des échelles énormes. Le grand contenu de rôles m’a semblé totalement réussi, même si tout n’était pas positif car tous les joueurs n’ont pas su trouver leur place dans ces conditions.

En même temps, il faut comprendre qu’autant de personnes venues du monde entier ont des intérêts très distincts et à certains moments, des situations pouvaient être un peu trop choquantes ou trop light par rapport à notre idée de milsim. On peut penser qu’il s’agit plutôt d’un rassemblement international d’airsofteurs et non d’une simple milsim.

Cependant, c’est une expérience incroyable qui permet de partager des visions différentes de l’airsoft, connaître des gens et ouvrir nos esprits vers des dimensions plus complexes, au-delà de la simple routine. L’airsoft à un autre niveau. Différent tout simplement.