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de bureau

Quand j'étais petit, j’étais fasciné par tous les objets capables de tirer. Mes parents n’adhéraient malheureusement pas vraiment à ma passion et n’ont jamais voulu m’acheter de répliques d'airsoft. Et comme je n'avais pas assez d'argent pour les acheter moi-même, j'ai commencé à fabriquer des objets pouvant tirer différents types de projectiles. Mon premier projet, c’était un arc fait à partir d’une paire de vieux skis que j’avais trouvés. Il n'était pas très puissant, mais pour moi, il était parfait. Je suis sûr que tout le monde a plus ou moins déjà essayé de fabriquer des objets similaires, donc vous pouvez imaginer ma fierté d’en avoir créé un qui fonctionnait vraiment. J’ai ensuite commencé à fabriquer des catapultes, des lance-patates, des canons électriques... Bref, tout objet pouvant tirer, vous pouvez en être sûr, je l’ai fabriqué dans mon enfance.

Quand j’ai eu 14 ans, avec des amis on est allé en ville et on est entré dans une boutique d’airsoft. C'était le paradis ! J'étais tellement captivé par ces répliques qu’il fallait absolument que je m'en procure une. Mais, encore une fois, le problème, c’était que mes parents ne voulaient pas que je joue avec des répliques. C'était une vraie déception pour moi, et j’ai donc décidé de leur écrire une liste des raisons pour lesquelles ils devaient me laisser en avoir une. Sur cette liste, j’avais écris "Je pourrais jouer plus souvent dehors" ou "Je pourrais m'amuser avec mes amis". Et ça a marché ! Après d’innombrables disputes, ils m’ont finalement autorisé à avoir ma première réplique d'airsoft. Peu de temps après, on a commencé à organiser nos propres parties et il y avait plus de 80 participants. À l'époque, l'airsoft c’était toute ma vie, et à ce moment-là, j'ai décidé de partir en Amérique centrale pendant trois mois avec mon meilleur ami, Dominik. J'aimais tellement voyager qu’il fallait absolument que je trouve une manière de pouvoir le concilier avec mon autre passion : l'airsoft. 

Les plans ont à nouveau changé lorsque je me suis engagé dans l'armée autrichienne en tant que tireur d'élite. J'ai complètement arrêté de jouer à l'airsoft, tout simplement parce que j'étais sur le terrain de manœuvre toute la semaine et que je n’avais ni envie de porter un uniforme ni d’aller sur le terrain pendant mon temps libre. J'ai même pensé à vendre ma réplique, mais je ne l'ai pas fait. Même si l'armée a été une belle période de ma vie durant laquelle j'ai beaucoup appris, je suis partie la même année. J'ai décroché un nouvel emploi qui m'a permis de voyager, et j'ai profité de l'occasion pour aller en Chine pendant six mois. C'était un travail passionnant, j'ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes et découvert la culture chinoise. En Chine, l’airsoft et YouTube sont interdits, et je ne pouvais donc pas continuer à pratiquer ma passion numéro 1.

Pendant cette période, les gens me posaient beaucoup de questions sur ma réplique, sur le système de tir, sur les composants internes et sur les équipements d’airsoft en général. Très tôt, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de fusil de précision jouable en sortie de boîte sur le marché de l’airsoft. J'ai compris la contrariété des joueurs lorsqu'il leur fallait upgrader leurs répliques, et j’ai donc saisis cette opportunité. J’ai pris la décision la plus risquée de toute ma vie. J'ai tout quitté en Chine, j'ai rompu avec ma fiancée et je suis retourné en Autriche pour me consacrer à ma passion : l'airsoft. Je ne savais pas si je pouvais vivre des vidéos. Je ne savais pas si je faisais la plus grosse erreur de ma vie, mais j'ai décidé de tout tenter et de foncer !

C'était il y a 7 ans et depuis, ma vie a complètement changé. Maintenant, j'ai ma propre entreprise, je voyage à travers le monde, je visite les terrains d'airsoft (le rêve de la plupart des joueurs) et je développe de nouvelles répliques et accessoires. Ou du moins c'est ce que tout le monde pense ! En réalité, tout cela implique d’autres aspects que de s’amuser et de faire des choses en rapport avec l’airsoft.

Je n'ai pas mon propre appartement. Je vis au bureau, où j'ai une petite pièce privée pour moi. Quand je me lève et que je sors de ma chambre, je suis au bureau. Ma journée habituelle commence à 7 heures du matin, je prends une douche et mon petit-déjeuner. Ensuite, j'allume mon ordinateur et je commence à répondre aux e-mails. La plupart du temps, je parle avec des collaborateurs de Taiwan, de Chine et des États-Unis. Une grande partie de ma journée est également consacrée à mes réseaux sociaux et à YouTube, ce qui demande une attention constante. Bien que mon entreprise ait connu une croissance rapide (on est passé de moi-même à 11 employés au moment de la rédaction de cet article), sa constance et son expansion exigent beaucoup de travail. Le lundi matin, on se consacre à des réunions durant lesquelles on discute des projets et des tâches à accomplir pour la semaine. On veille également à se tenir au courant des dernières nouvelles. Après le déjeuner, on discute de nouvelles vidéos avec mon équipe audiovisuelle et on élabore un plan pour les prochaines sorties. Et pendant ce temps, il faut répondre à toujours plus d’e-mails ! Une fois le plan de lancement établi, on part au studio et on enregistre ce que l’on a en attente. A côté de ça, on prend des photos des produits et on crée les vignettes des vidéos si nécessaire. Ensuite, tout le matériel doit être traité, téléchargé et planifié pour être publié sur les réseaux sociaux.

Honnêtement, je n’avais jamais pensé que cela deviendrait une entreprise, mais pour offrir les meilleurs services, il faut avoir une structure solide, car il y a de plus en plus d’employés et je consacre de plus en plus de temps aux réunions où on parle stratégie et développement de l'entreprise. Elles durent généralement entre 30 et 60 minutes selon les sujets. La nuit, je suis en studio pour tester de nouveaux produits, améliorer les produits actuels ou préparer la prochaine partie à laquelle je participerai. Les samedis et les dimanches sont réservés aux terrains de jeu et aux parties d'airsoft. Comme j'aime organiser mon temps efficacement et que certains voyages peuvent durer plusieurs heures, j'assiste généralement à deux OP d'affilée, ce qui signifie que je joue deux jours d'affilée. Parfois, cela peut être assez stressant, car je dois toujours m'assurer que tout le matériel fonctionne, que les caméras et les batteries sont chargées de manière à avoir suffisamment de matière pour les montages vidéo. 

Comme vous pouvez l’imaginer, de nombreux problèmes peuvent survenir. Si une caméra n'enregistre pas, si elle ne fonctionne pas ou si elle ne filme pas assez bien, nous n'aurons pas assez d'images pour maintenir la chaîne YouTube. C'est beaucoup de pression, même quand la plupart des gens pensent que je ne fais ça que pour le fun. Attention, après de nombreuses années d’airsoft, j’ai toujours beaucoup de plaisir à jouer ! Ça compense avec toutes les heures de travail de la semaine.

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"Je n'ai pas mon propre appartement. Je vis au bureau, où j'ai une petite pièce privée pour moi."

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Depuis que j'ai commencé à développer mes propres produits, le plus gros problème a été la communication avec les fournisseurs. Il y a environ 6 heures de différence entre l'Autriche et l'Asie, ce qui entrave une bonne communication. Parfois, j'échange 40 e-mails avec nos partenaires en pensant que rien ne peut mal tourner, mais le résultat peut être complètement différent. Certaines choses ne peuvent pas être traitées uniquement par e-mails et il faut se rendre en personne dans les usines pour respecter les normes et le contrôle de la qualité les plus stricts.

Je suis donc beaucoup amené à voyager dans les usines. J'ai passé des mois dans les salles de réunion, pour superviser la production et prendre en charge l'ensemble du processus. C’est la raison pour laquelle on n‘a pas tellement de nouveaux produits en ce moment, mais on y travaille ! Un autre problème auquel on est confronté en ce moment, c‘est la logistique. Les entreprises de transport n'aiment pas transporter des armes en général, mais la situation s'est améliorée et nos collaborateurs savent déjà ce que l’on fait et savent que ce ne sont pas de vraies armes. Comme on a plusieurs collaborateurs en Asie, je fais habituellement un seul voyage pour les voir tous, comme pour les OP d‘airsoft. En parlant d’OP, lorsque je voyage pour le travail, je prends toujours le temps de jouer une partie. Quand je suis là-bas, j'essaie de tirer le meilleur parti de mon temps. L'autre aspect de mes séjours en Asie, c‘est que je suis loin de ma famille et de mes amis. Et la nourriture n'est pas du tout à mon goût !

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"En parlant d’OP, lorsque je voyage pour le travail, je prends toujours le temps de jouer une partie locale."

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En plus de tout cela, je suis constamment en contact avec d'autres joueurs d'airsoft qui demandent des conseils, des recommandations sur un produit spécifique ou qui veulent simplement parler d'airsoft en général. J'adore interagir avec mon public et j'essaie toujours d'aider les personnes qui débutent ou qui ont des problèmes inhabituels. Cependant, je reçois de plus en plus de messages et d’emails, et je ne peux tout simplement plus y répondre. Je dois trouver un équilibre entre le travail et ma vie privée. En fait, c'est probablement la chose qui me dérange le plus. Je consacre tellement de temps au travail et à l‘airsoft que je n’ai pas beaucoup de temps pour d’autres choses dans la vie, comme me retrouver avec mes amis ou même avec ma famille. Je ne fais pas la fête, je ne regarde pas de films, je ne bois pas et je ne passe pas beaucoup de temps avec des personnes extérieures à l'entreprise. Cependant, je ne vois pas cela comme un problème, j'aime ce que je fais et j'aime travailler sur de nouveaux projets qui faciliteront la vie de notre communauté qu‘est l'airsoft.