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Lorsque l’on fait référence aux bérets verts de l’US Army, la plupart d’entre nous imaginent John Rambo, rendu célèbre par la magie du cinéma d’action américain. Cependant, dans le monde réel les choses sont bien différentes…

Aujourd’hui nous avons le privilège d’interviewer l’un des opérateurs des Forces Spéciales américaines. Ce nord-américain, d’origine asiatique, a non seulement fait partie des bérets verts mais a également été membre d’un groupe dédié au sauvetage d’otages aux Philippines.

 
Nom: Gene Yu
Pseudonyme: Chester Wong
Nationalité: Américaine
Branche de l’armée pour laquelle il a servi: US Army
Unité : Forces Spéciales
Rang : Capitaine
Années de service : 2001-2013
Décorations : 2 étoiles de bronze

Voici pour vous l histoire extraordinaire de ce grand homme GENE YU

Bienvenu M. Gene Yu.  Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les raisons qui vous ont poussé à devenir un béret vert et ce qui a compté dans votre ascension ?

J’ai toujours senti que quelque chose me manquait lorsque j’opérais dans les unités motorisées blindées, jusqu’à ce que j’en apprenne plus sur les bérets verts opérant dans le nord de l’Afghanistan. Après les attentats du 11 septembre, ils ont immédiatement été déployés afin d’entraîner le personnel local dans l’objectif de détruire le régime Taliban.

A ce moment précis, je me suis dit «  Wow,  impressionnant ! C’est exactement ce que je veux faire ! ». Vu que pour pouvoir accomplir une mission avec succès, tout ne dépend pas seulement  de votre capacité physique ou de votre capacité à manier les armes mais bien de la façon d’avancer le plus intelligemment possible tout en établissant une relation solide avec vos alliés.

De nombreuses personnes pensent rejoindre les forces spéciales uniquement parce que c’est «  cool » mais ils n’ont pas la moindre idée ce que cela signifie réellement. La grande majorité des missions sont secrètes, il nous est interdit d’en parler à qui que ce soit, donc en gros, vous n’aurez pas l’opportunité de vous la péter en racontant vos prouesses. Il y a des choses qui sont un petit peu moins confidentielles, bien évidemment. Parmi elles, toutes celles que j’ai pu raconter dans mon livre.

Les médias ont révélé qu’en 2009, vous aviez réussi à sauver plusieurs otages à Bagdad. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cet événement et sur leur tournure ?

Bien sûr. Nous avons libéré 4 otages. Cette horrible séquestration s’est déroulée alors que j’en étais à la moitié de ma période de service à Bagdad, les bourreaux se sont trompés de cibles et ont emmené les enfants du colonel des forces spéciales iraquiennes au lieu des enfants de riches parents. Vous imaginez bien ce qu’ils avaient en tête : les échanger contre une lourde rançon. Cette Force Spéciale iraquienne s’est révélée être notre allié pendant une longue période, afin que notre amitié reste intacte, j’ai décidé de leur apporter mon aide.

Nous avons finalement réussi à obtenir quelques informations sur les éventuels lieux de détention des otages. Nous avons donc procédé à une recherche nocturne en suivant le plan que nous avions élaboré peu de temps auparavant. Tous les types que nous avons trouvés devant nous étaient des lâches pour la plupart, tremblants et suppliant la clémence. Le chef des preneurs d’otage n’a pas fait exception.

Après avoir employé la méthode «  douce », il a révélé l’intégralité de son plan et nous a finalement communiqué  le lieu où étaient retenus les otages. Nous avons communiqué nos infos à notre autre équipe pour qu’elle puisse réaliser une nouvelle recherche, c’est ainsi que nous avons réussi à libérer le petit ainsi que 3 autres otages.

Je me rappellerai toujours de ce moment où j’ai vu ce petit garçon courir en criant «  Papa ! » dans les bras de son père. Je crois que c’est le moment où je me suis senti le plus fier de faire ce travail, je ne pense pas qu’il existe un meilleur travail au monde, aucun qui puisse m’offrir autant d’honneur, de satisfaction, bref, je pourrai vous faire une liste sans fin.

1954 : Les Forces Spéciales de l’US Army adoptent de manière officieuse le béret vert comme coiffe distinctive.

1955  (12 juin) : Il est porté pour la première fois lors d’un défilé officiel de départ en retraite du Lieutenant Général Joseph P. Cleland, les commandos ont été pris par une délégation étrangère de l’OTAN

1956 : Le Général Paul D. Adams, commandant de Fort Bragg en interdit le port. (Les membres des Forces Spéciales ont tout de même continué à le porter en secret).

1961 (25 septembre) : Le président John F.Kennedy ré autorise son port exhaustif dans les rangs des Forces Spéciales.

1961 (12 octobre) : Lors d’une visite du président au Special Warfare Center de Fort Bragg, les Forces Spéciales se sont vues autorisées à porter le fameux béret vert. Le président pensait que puisqu’ils étaient en missions spéciales, il était normal de les voir porter un élément distinctif du reste des soldats.

1962 : Le président Kennedy fait du «  béret vert » un «  symbole d’excellence, une médaille d’honneur ainsi qu’une marque distinctive dans la bataille pour la liberté ».

Pourriez-vous nous parler de la première fois que vous avez réellement participer à une confrontation de guerre ? A quelle date et quelle partie du monde?

Selon mes souvenirs, il s’agissait d’une mission dans le nord de l’Irak, j’ai tiré pour la première fois là-bas. Le combat était immense et intense, et au début j’étais au milieu. Lorsque j’ai entendu le premier coup de feu, j’ai compris que c’était mon tour. Ce fut une expérience absolument extraordinaire à dire vrai.

Au fait, j’ai oublié de préciser que les histoires se déroulant durant ma mission au nord de l’Irak sont écrites dans mon second livre. J’en profite pour mentionner mes amis du 10th Special Force Group qui sont de véritables guerriers téméraires.

Que pensez-vous de l’airsoft ? Est-ce que ça vous dirait de tenter un jour prochain ?

Je me suis déjà rendu à des événements airsoft et je sais plus ou moins comment ce jeu est pratiqué mais je n’ai jamais tenté d’en être. Pour être honnête, les équipes m’ont beaucoup impressionné, de par leur équipement qui était plutôt complet et très professionnel.

De plus, les joueurs savent très bien à quoi sert tel ou tel élément. Ça a été une fraîche et toute nouvelle expérience pour moi que de participer à ce genre d’événements.

Qu’aviez-vous l’habitude de faire afin de vous détendre juste avant d’être envoyé en mission ?

Juste avant une opération, chacun de nous choisissait ce qu’il voulait faire, ce qui lui permettait de se relaxer le plus, parfois en groupe, parfois seul. Etant commandant de la mission, j’avais besoin de me retrouver un peu seul. Alors j’avais l’habitude de prendre le volant, d’écouter de la musique en regardant les étoiles, de penser à ma famille à l’autre bout du monde qui me manquait énormément et parfois, je me demandais si je serai toujours en vie le jour suivant pour revoir les étoiles une nouvelle fois.

Il y a quelques jours, un ami m’a montré une photo avec énormément d’étoiles dans le ciel, cette photo m’a rappelé ces moments où je passais mon temps à les compter dans le ciel. Ce que je voyais sur cette photo était quasiment identique à ce que j’avais vécu. De temps en temps, je me sens mélancolique en y repensant, en comparant ces moments à la vie que j’ai maintenant mais le passé est le passé, carpe diem.

De la célébrité au grand écran

Cette unité est née en 1952 et a atteint un niveau de prestige record dans les années 80.

Lors des décennies précédentes, l’industrie hollywoodienne a commencé à utiliser et mettre à l’écran d’autres forces telles que la Delta Force ou bien les SEAL, bien qu’il en manque quelques-unes, encore aujourd’hui.

Que pensez-vous de la Delta Force ?

Les Delta Forces sont très sérieux comparés aux Bérets Verts. Nous faisions les clowns et on se faisait des blagues très souvent à vrai dire… Les Delta sont toujours très tranquilles, pas de blague, pas de connerie… rien !

Bien sûr, je considère que cette attitude est l’attitude correcte à adopter lorsque l’on opère dans les Forces Spéciales. Il ne fait aucun doute que la Delta Force est une unité très préparée, à l’efficacité indéniable, même si elle n’est pas aussi connue que les SEAL.

Le béret vert le plus médiatisé actuellement : le « cowboy »

L’opérateur des Forces Spéciales appartenant au 2nd Bn/19th SFG connu comme étant le «  cowboy »  était une véritable icône sur internet de par ses photos sur lesquelles il est facilement reconnaissable grâce à sa barbe (de kevlar selon la légende) ainsi que son look « badass ». Cependant, il est indéniable que ce qu’il a rendu célèbre est l’apparition d’un jeu vidéo de la série « Medal of Honor » dans lequel un des personnages principaux, solitaire sur la couverture, présente un curieux air de ressemblance avec lui.

Pourquoi a-t-il décidé de diviser sa biographie et ses histoires en trois livres ?

Après m’être retiré des forces armées, mon éditeur américain et moi avons beaucoup parlé de la manière d’organiser las histoires. Après quelques temps de discussion, nous avons décidé de débuter le livre par les sujets les plus « légers » et aller « crescendo » vers les thèmes les plus lourds de sens et sérieux. Comme lorsque vous venez de rencontrer quelqu’un, au début vous parlez de choses plutôt banales pour ensuite en venir aux plus profondes.

Dans mon troisième livre, j’ai essayé de faire comprendre à mes lecteurs les raisons pour lesquelles je me suis éloigné d’un monde qui pourtant, me rend très fier. Un des livres les plus profonds et intimes que j’ai pu écrire, selon moi. Après l’avoir lu, je suis certain que vous comprendrez mieux de quoi je parle.

Quel serait le chapitre le plus impressionnant et inoubliable de ce dernier livre ?

Je vous avouerai que toutes les expériences vécues écrites dans ce livre seront à jamais présentes dans ma mémoire. Elles sont uniques et tout le monde n’a pas l’opportunité de vivre ce genre de choses dans la vie. Si je devais en choisir une seule entre toutes, ce serait le sauvetage des otages à Bagdad dont je vous ai dit quelques mots précédemment.

La plupart des gens pensent que les Bérets verts sont des héros mais personnellement, je ne vois pas ça comme ça. Le plus important selon moi est de se sentir fier d’être un béret vert pour ce que nous accomplissons, comme lors de cette libération d’otages par exemple. Le moment où nous avons redonné sa liberté à ce petit garçon et lui avons permis de retrouver son papa n’a pas de prix et je pense sincèrement que rien au monde de me fera ressentir ce que j’ai ressenti à ce moment-là.

Vous avez été un véritable symbole et une idole pour bon nombre de joueurs d’airsoft (moi y compris). Nous admirons votre parcours peu commun.

Souhaiteriez-vous dire un mot à vos lecteurs et admirateurs ?

Merci beaucoup, vos mots me touchent. Je vais partager avec vous ce qui m’a le plus aidé pendant toutes ces années : Si vous avez un objectif mais n’êtes pas disposé à en payer le prix intégral pour l’accomplir, cela signifie simplement que vous manquez d’une détermination et d’une passion essentielle à son accomplissement.

J’essaye en permanence de faire face à tous les obstacles en adoptant cette attitude. Bien évidemment,  comme chacun je connais l’échec mais lorsque cela arrive, je respire profondément et persiste, je ne m’avoue jamais vaincu et continuerai à lutter avec acharnement. Je vous encourage tous à vivre et affronter tous les défis que la vie vous imposera en tentant d’adopter même attitude.

US ARMY SPECIAL FORCES

Si nous parlons de Bérets Verts ou Green Berets, nous faisons référence à l’United States Army Special Forces. Les unités des Opérations Spéciales de cette unité sont connues comme ODA (Operational Detachment-Alpha). Ces équipes sont spécialisées dans un type particulier de missions (sauts HALO, plongée de combat, opérations maritimes…). Chaque ODA compte 12 opérateurs présentant chacun une fonction bien spécifique connue comme MOS (ou Military Occupational Specialty).